La phytothérapie et l'aromathérapie
La pharmacopée végétale la plus ancienne daterait de l'époque Sumérienne , trois millénaires avant Jésus-Christ. Aujourd'hui, on parle de pharmacopée dans de nombreuses régions du globe : pharmacopée amazonienne, amérindienne, chinoise, ayurvédique, européenne et bien d'autres. Les plantes ont toujours fait partie de notre vie. Et bien que elles soient des éléments "naturels", elles ne sont pas pour autant toutes inoffensives ou avec des propriétés répertoriées en phytothérapie. Certaines en effet, sont toxiques voire mortelles.
Pour autant, les plantes aromatiques, qui représentent 10% du règne végétal, ont toujours fait partie de notre alimentation que ce soit dans des plats ou sous forme de tisanes ou décoctions : romarin, thym, laurier, basilic, estragon, mélisse, menthe, cannelle, gingembre .... Ainsi, en Inde, le curcuma est une épice qui fait partie de la majorité des plats et est consommé quotidiennement depuis des siècles. Aujourd'hui, les propriétés anti-inflammatoires, anti-oxydantes et neuroprotectrices de la curcumine ont été démontrées dans de très nombreuses études scientifiques.
Les Sumériens utilisaient les feuilles de saule comme anti-douleur. Son principe actif isolé au 19ème siècle est la salicine, qui est ensuite métabolisée en acide salicylique. La Reine de Près contient également des salicylates (de l’aldéhyde salicylique) aux mêmes vertus. En partant de cette molécule, l’acide acétylsalycilique a été synthétisé fin du 19ème et commercialisé en 1900 sous le nom bien connu d'aspirine. Ainsi, de nombreux médicaments ont comme origine, le principe actif d'une plante.
La phytothérapie repose sur la connaissance et l’utilisation des propriétés des plantes à des fins thérapeutiques et de mieux-être. Il ne faut pas voire une plante comme juste son principe actif le plus important mais bien dans sa globalité. Le végétal est riche d'une complexité moléculaire qui ne peut se résumer à quelques principes actifs répertoriés de la plante en question. C'est comme si la plante avait des substances non actives ou moins actives capables d’amplifier l’activité de celles qui le sont. Il peut y avoir parfois plusieurs centaines de molécules qui agissent en synergie et qui feront l'effet reconnu de manière ancestrale de la plante . On parle d'ailleurs de composés actifs et de composés dits utiles dont l'association confère à la plante ses propriétés. On comprend ainsi toute l'importance du totum de la plante, qui représente l'ensemble de ses molécules qu'elles soient actives ou dites utiles, et cette synergie très particulière et unique en fait sa force et son action. Ceci est d'autant plus vrai concernant les plantes dites adaptogènes (qui agissent sur l'augmentation des capacités d’adaptation et de résistance de l’organisme vis-à-vis du stress) comme la rhodiole par exemple.
Une des branches est la gemmothérapie qui utilise les propriétés d’extraits de tissus végétaux frais en voie de développement. Il s'agit des parties végétales embryonnaires riches en tissus méristématiques (c'est-à-dire en tissus spécialisés dans la croissance de la plante riche en molécules très spécifiques: les auxines, les cytokinines, les gibérellines et l’acide abcissique) et d'en connaître la composition biochimique et leurs propriétés . Ainsi l'extrait de bourgeon de figuier (ficus carita) a un tropisme pour la muqueuse stomacale et les troubles psychosomatiques notamment lié au stress et sa répercussion sur l'estomac.
Les plantes aromatiques sont dotées de poches sécrétrices, appelées également glandes aromatiques et ce sont elles qui contiennent les essences aromatiques de la plante. Ainsi, elles sont situées dans l'écorce pour la cannelle, dans le rhizome pour le gingembre, dans les feuilles pour la menthe poivrée, dans l'aiguille pour le pin sylvestre, sous l'écorce pour la myrrhe et l'encens etc.
L'huile essentielle est extraite essentiellement par distillation à la vapeur d'eau des plantes aromatiques. Elle est composée de molécules aromatiques chimiques très volatiles. Une seule huile essentielle peut contenir plus d'une centaine de molécules différentes.
Comme pour les extraits de plantes, les huiles essentielles sont utilisées depuis des millénaires. Que ce soit par les Sumériens, dans les textes sacrés de l'hindouisme (les Védas), dans les traditions amérindiennes, par les égyptiens pour les embaumements funéraires ou pour les huiles parfumées, dans l'ancien testament..., les huiles essentielles font ainsi partie d'un grand héritage de "remèdes" ancestraux.
C'est vers 1935 que le mot "aromathérapie" né des années d'expériences et recherches de René-Maurice Gattefossé, ingénieur chimiste et industriel parfumeur, considéré aujourd'hui comme le père de l'aromathérapie moderne. En juillet 1910, suite à une explosion dans son laboratoire, une de ses mains sera brûlée très gravement. Malheureusement par la suite, la plaie s'infecte et une gangrène gazeuse s'installe malgré les traitements de l'époque. C'est en appliquant sur sa main infectée de l'huile essentielle de lavande (dont on connaît aujourd'hui les propriétés antiseptiques et cicatrisantes), qu'il aura un soulagement quasi-immédiat et une cicatrisation complète. R-M Gattefossé écrira son 1er livre en 1937 dans lequel il codifie pour la première fois les propriétés de plusieurs huiles essentielles et de leurs molécules en introduisant la notion de relations structure et activités.
La suite sera prise par notamment le docteur Jean Valnet qui publiera d'ailleurs en 1964 son livre "Aromathérapie', puis également des docteurs P. Belaiche, J-C. Lapraz et C.Duraffourd, ainsi que du Docteur D. Penoël et P. Franchomme. Ils écriront ensemble "L'aromathérapie exactement", un ouvrage reconnu aujourd'hui de référence scientifique.
Mon parcours de santé m'a fait rencontré le Docteur Daniel Penoël, qui m'a fait découvrir tout le potentiel des huiles essentielles. Elles m'ont permis de franchir différentes étapes clés au niveau de ma santé et de la prise de conscience de notre lien indissociable avec l'environnement et l'ensemble du vivant avec lequel nous ne faisons qu'un.
Quand on parle d'huiles essentielles, on ne peut laisser de côté leur portée olfactive et vibratoire au service du mieux-être et d'une meilleure connaissance de soi et de notre environnement. En effet, la senteur et la vibration des huiles essentielles agissent au niveau de la sphère psycho-émotionnelle et il ne faut pas limiter leur champ d'action aux propriétés biochimiques des molécules qui les composent et de leur chémotype (il s'agit de l'empreinte biochimique distinctive de l'huile essentielle au sein d'un même genre et d'une même espèce). Par l'olfaction, les huiles essentielles agissent sur le cerveau limbique, siège des émotions.
L'olfactothérapie est un outil d'une dimension insoupçonnée qui nous fait entrer en résonnance avec une huile essentielle et qui se révèle d'un grand support dans la gestion du stress et des émotions, dans la libération des pulsions alimentaires et de comportements alimentaires délétères, dans les dépendances comme celles à la cigarette, dans des situations traumatisantes et des chocs émotionnels et bien d'autres . Sentir un parfum d'une plante en pleine conscience, c'est ainsi méditer avec la plante et se reconnecter à soi-même.